Ambr’ouille: Influenceuse Sexo

Interview Instructive
Ambr’ouille

On le sait, les influenceuses sont de plus en plus nombreuses et ont de plus en plus le vent en poupe sur les réseaux sociaux. Il y a désormais des influenceuses dans tous les domaines ou presque, mode, fitness, santé, etc. Les médias en parlent beaucoup moins, mais il existe également des influenceuses sexo, dont le but avoué est de vous aider à améliorer votre sexualité, à prendre confiance en vous ou à laisser de côté certains de vos tabous.

Parmi elles il y a Ambr’Ouille, une jeune Française qui exerce sur Youtube et les réseaux sociaux depuis quelques années maintenant. Dorcel Mag l’a rencontrée pour vous. Interview.


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SUR INSTAGRAM :
ambre_ouille – lapachole_officiel
SUR YOUTUBE :
Ambr’Ouille


Bonjour Ambr’Ouille, peux-tu commencer par te présenter ?
Je m’appelle Ambre, j’ai 26 ans, je viens de Haute-Savoie. Je suis titulaire d’une licence d’Info-Com, car mon but premier était d’être journaliste. Mais le cursus ne m’a pas plu : trop péjoratif. Mais j’ai poursuivi pour intégrer une cursus de cinéma.

Pourquoi cela t’a-t-il paru péjoratif ?
Parce qu’on me demandait de couvrir les actualités, et quand on regarde la télé, ça n’est pas que du positif… Donc j’ai décidé de suivre le sillon du cinéma et je me suis dit : si je veux intégrer le monde du cinéma, je dois montrer ce que je sais faire. J’ai donc ouvert une chaine YouTube (Maxi_info) où je faisais des petits documentaires pour apprendre au quotidien, parce que ce qui était à la mode à l’époque c’était les filles qui parlaient de make-up, et l’humour n’était que l’apanage des hommes.

Mais moi je pensais que les femmes pouvaient aussi montrer des choses aux hommes. J’ai créé ma chaine il y a 8 ans, j’avais 18 ans. Je parlais des histoires de… Par exemple, l’histoire du cannabis, du chocolat…

Mon but : faire apprendre quelque chose. Et au final, j’ai toujours voulu garder la promesse que quelqu’un apprenne
quelque chose, même si c’est drôle…

C’est quoi une influenceuse sexo ?
Pour moi, ça veut dire juste parler librement de sexe car on m’a éduquée naturellement sur le sujet… J’en parle comme
si j’allais acheter une pizza. Pour certains, c’est très intime, très pudique, très tabou. Mais comme on ressent mon ton décomplexé, cela désinhibe les gens, ils se sentent moins gênés, plus libérés.

Ça concerne le sexe et les rapports amoureux aussi ?
Au départ, je dispensais plutôt des conseils de séduction. Puis j’ai remarqué que beaucoup de chaînes YouTube suivaient ce chemin. J’ai donc voulu intervenir dans un domaine moins exploité. J’ai alors décidé de parler d’amour et de sexe, de fond en comble, jusqu’aux pratiques un peu plus hardcore….

Qu’est-ce qui te fascine tant dans le sexe ?
A la base, ce que j’aime c’est transmettre, et ce qui fait sens pour moi c’est de dépoussiérer les tabous. Je suis fascinée par cet univers : par exemple, tout le monde se masturbe en cachette, mais on n’en parle pas.

Si on prend du recul, on se rend compte que ça ne fait que 50 ans qu’on nous dit que finalement, le sexe c’est normal, c’est sain… Ca va demander du changement dans le temps, c’est normal. Cela m’intéressait de creuser plus profondément, de faire bouger les choses, désacraliser et instruire.

Quel message veux-tu véhiculer ?
Ce que je répète sans cesse dans mes vidéos c’est : vous faites ce que vous voulez, on s’en bat les couilles des autres … Le plus important, c’est le consentement. Je voudrais vraiment que les gens arrêtent d’avoir honte, de culpabiliser, et qu’ils commencent à vivre leurs vies et fantasmes tant que le consentement est respecté.

Y a t-il un sacerdoce de l’influenceur/influenceuse sexo ?
Pas vraiment. Je diffuse ce que j’ai envie de dire mais, à côté de ça j’ai suivi une formation de coach. J’ai appris que si la personne n’est pas prête, elle ne saisira pas le message. Je ne me battrai jamais pour obliger quelqu’un à changer de vision, mais je sais ce qui fait sens dans mes valeurs, et si quelqu’un est prêt à embrasser ma façon de faire, ça me fait chaud au coeur…

Quelle est ta légitimité en la matière ?
Ah, c’était le grand débat… Quand je faisais dans la séduction, le côté sexuel m’attirait… J’avais 20 ans, mais physiquement je paraissais plus jeune. On me disait : « T’es une perverse, t’es trop jeune ». Il faut savoir que mon public est majoritairement masculin… Et finalement, c’est quand même toujours que des mecs qui me disent ça. Alors je n’osais pas persévérer, mais ça fait maintenant 3 ans que je parle de sexe.

Un matin, je me suis levée et je me suis dit bon, si je suis une perverse ce n’est pas grave, moi je vis ma vie, et à partir de ce moment-là peu importe ce qui peut se passer, je trace ma route, que je sois légitime ou non… C’est plutôt rigolo, car les gens accordent de la légitimité au plus grand nombre d’abonnés.

Certains ont peu d’abonnés et beaucoup d’expérience, alors que d’autres ont des millions d’abonnés et quand j’entends leurs conseils, je me dis : « Oh mon Dieu ! ». La légitimité est propre à chacun. Je ne me sens pas forcément légitime, mais tant qu’on m’écoute et qu’on respecte ce que je dis, ça me va !

Quelle est ta cible/ton public ?
Je suis une des rares YouTubeuses à avoir démarré, même quand je parlais de séduction, avec un panel de 90% d’hommes pour 10% de femmes. Les hommes avaient 18-35 ans et les femmes 13-18 ans, les femmes se passionnant plus tôt pour la séduction.

Depuis février 2021, j’axe mes conseils sur du body positive, donc je suis moins centrée sur le sexe et c’est fou car j’ai augmenté le ratio de femmes jusqu’à 30%… Entre femmes, on parle de sexe plus facilement. Les hommes ont besoin d’affirmer leur existence sexuelle, la démarche du body positive leur parle un peu moins, enfin c’est mon impression.

Dans quelle mesure doit-on éduquer et/ou sensibiliser les internautes aux pratiques sexuelles ?
J’aurais vraiment adoré inculquer l’éducation sexuelle au collège, parce que vraiment c’est n’importe quoi là-bas… Je crois que j’ai dû y bénéficier d’une heure par an, et encore avec une banane… Et puis éduquer les gens au sexe à 18 ans c’est beaucoup trop tard.

Tu as donc reçu une éducation libre….
En effet… Ma mère est coiffeuse et mon père maçon, donc je pense que la profession des parents n’a rien à voir avec l’ouverture d’esprit. Ma mère avait reçu une éducation stricte. Elle nous a toujours tout expliqué de manière pertinente.

Pour ma part, j’ai suivi une formation de coach de vie. Je ne me sens pas « coach » à proprement parler mais plutôt accompagnatrice : mon but, c’est d’accompagner les gens vers leur bien-être.

Est-ce que tu as eu un modèle, quelqu’un que tu admires ?
Pas vraiment mais au quotidien je dirais que mon modèle a toujours été Coco Chanel. Elle a démocratisé le port du pantalon pour les femmes, elle a enlevé les corsets, elle s’est battue pour une certaine liberté de la femme aujourd’hui.

C’est quoi La Pachole ?
Un terme provençal que j’utilise depuis que je suis petite. Cela désigne l’appareil génital féminin et notre compte Insta traite de toutes les problématiques liées à ça.

Tout le monde a la libido en berne depuis des mois, donc un petit truc pour rebooster un peu sa libido ?
Avec La Pachole, on vous recommande les fleurs de Bach qui stimulent l’émotionnel. Il faut savoir que la libido est liée étroitement à l’inconscient, donc sensible à la fatigue, au stress et signale un manque profond. L’élixir de fleurs de Bach va stimuler l’émotionnel (l’élixir de Bach existe depuis 50 ans : le professeur Bach a souligné que l’émotion et le corps sont liés, influant l’un sur l’autre. Pour éviter que le corps développe une maladie à cause d’un mal-être, le Pr Bach a concocté des élixirs à base de plantes, N.D.L.R.).

Une autre piste à explorer : la méditation pour comprendre le lien concret entre l’émotionnel et le corps physique, les ré-harmoniser pour rebooster la libido. Le manque de libido peut être lié aussi à un manque de confiance, à des peurs, du stress… Il y a aussi d’autres problèmes comme le fait que dans la société actuelle, une femme ne doit pas avoir une libido débordante sinon elle est considérée comme une chaudasse, et inconsciemment, cela influe sur le désir…

Que penses-tu du porno actuel ?
Je ne suis pas consommatrice, mais je pense que comme plein d’autres sujets,tout passe par l’éducation. J’ai parlé avec pas mal de très jeunes garçons qui ont déjà vu une film X et qui m’ont avoué s’être déjà masturbés dessus. Bien sûr, ils ne devraient pas avoir accès si jeunes à du porno, mais quand on voit avec quelle dextérité on manient leurs tablettes il ne faut pas s’étonner qu’à 10 ans, les gosses maîtrisent les accès au Net bien mieux que leurs parents !

La responsabilité incombe donc aux parents, bref au référent adulte qui fait autorité, d’expliquer comment on fait l’amour, que les films c’est pas la réalité ; en clair à apprendre aux autres à dissocier fantasme et réalité… Souvent, les ados s’éduquent avec le X parce que les parents n’en parlent pas : ils considèrent le sujet comme tabou, l’évincent et démissionnent de leur responsabilité. J

e reçois énormément de messages d’hommes qui culpabilisent sur la taille de leur sexe, ou de femmes qui culpabilisent car elles n’ont pas une libido déchainée car le porno montre des femmes jouissant à la moindre pénétration et des hommes qui ont des sexes de 30 cm…

Sans une éducation propre, on ne pourra pas empêcher les jeunes gens de confondre porno et réalité. C’est pour cela que je me suis lancée dans cette mouvance du body positive. Il faut aider les gens à renouer avec leur corps : avec un pénis de 10 cm, tu peux donner du plaisir à ton/ta partenaire, tout le monde devrait être assuré de ça.

Le mot de la fin d’Ambr’Ouille ?
Il n’y a rien de plus important que de prendre soin de soi, avec douceur… C’est plus difficile que dans le combat, mais sans consentement, sans douceur, on ne peut pas accéder au bien-être. Prenez-soin de vous !

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